Description du livre
Les me´decins se montrent souvent de´sarme´s devant cet « entre-deux » qu’on appelle « convalescence » : pe´riode floue, he´sitante. Ce n’est plus la maladie, ce n’est pas encore la sante´ recouvre´e. Blesse´, le chevalier me´die´val attend avec impatience le moment de remonter a` cheval.
Ce repos force´ inquie`te les moralistes et les familles bourgeoises car il oublie les bonheurs de la vie active. Mais son tre´sor de sensations enchante les romanciers, comme on le voit bien chez Jane Austen, Madame de Stae¨l, Zola, Henry James, Rilke, Proust, Thomas Mann et tant d’autres. La convalescence pre´side aussi a` des expe´riences amoureuses, dont certaines fro^lent l’interdiction. La paix de la chambre ou l’effort demande´ par la socie´te´ ? Goethe he´site.
Religion et socie´te´ be´nissent la convalescence quand elle permet des re´visions de vie, voire des conversions dont le roman du xixe sie`cle a e´te´ friand et dont les plus exemplaires se trouvent dans le roman russe, notamment chez Tolstoi¨.
Le xxe sie`cle leur porte un coup de gra^ce. Nous sommes et nous restons de grands malades. Du me^me coup, nous voila` devenus plus sensibles, plus attentifs, comme l’avait dit Nietzsche, a` des bonheurs aussi intenses que, parfois, minuscules. Car les conforts de la convalescence ne re´sistent pas aux catastrophes des temps modernes, ce que montrent bien les romanciers les plus tragiques (Do¨blin, Ce´line).